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Certification Maître de maison

7 Juillet 2023
En mars dernier, une nouvelle certification était inscrite au répertoire national des certifications professionnelles (RNCP) : celle de Maître de maison en secteur social et médico-social. L’occasion de revenir sur l’histoire de ce métier à la croisée des chemins.

Un métier à la croisée des chemins

Les missions du maître ou de la maîtresse de maison sont larges : « Elles sont à la frontière des fonctions techniques et des fonctions relationnelles », affirme Jennifer Rouyère, responsable des certifications et dispositifs de branche à l’OPCO Santé. Avec un objectif principal : assurer la qualité de vie et le bien-être physique comme psychologique des personnes.

Autrement dit, ils ont la charge de l’hygiène, la sécurisation et l’adaptation du cadre de vie, ainsi que la réalisation d’actes de la vie courante (entretien du linge ou des locaux, gestion des stocks, préparation des repas…). Ils sont également un « maillon entre les équipes et les usagers », avec des temps d’accompagnement des personnes au quotidien et des interactions avec les équipes éducatives, soignantes ou techniques.

Jennifer Rouyère résumait d’ailleurs, dans le rapport d’activité 2021 de l’OPCO Santé : « Le maître ou la maîtresse de maison est un repère pour les personnes accompagnées, qui les aide à s’approprier leur espace de vie. »

Ainsi, ces professionnels exercent surtout dans le secteur du handicap enfant ou adulte, dans les maisons d’enfants à caractère social (MECS) ou dans des établissements accueillant des personnes âgées.

Maître et maîtresse de maison en chiffres

400

personnes formées par an

95

de femmes en poste

44

est l’âge moyen des personnes en formation

6619

maîtres de maison en poste en 2022¹

Histoire et évolutions d’une fonction pas comme les autres

« Tout commence au début des années 2000 », raconte Jennifer Rouyère. Avec une forte évolution du secteur de l’accompagnement social et des organisations, certains métiers techniques (cuisinier, linger) commencent à évoluer, avec des missions qui s’élargissent de plus en plus. On assiste à la naissance d’un métier, maître et maîtresse de maison, avec des professionnels polyvalents et faisant-fonction.

Cela marque un tournant : c’est à partir de cette trajectoire qu’est fondé le métier, d’abord soutenu par des initiatives régionales, puis repris par le secteur sanitaire, social et médico-social. « En 2005, la branche constate les besoins et crée le premier dispositif de branche pour professionnaliser les maîtres et les maîtresses de maison ».

Cette nouvelle formation est reconnue par la convention collective de la branche, et cela amène les personnes exerçant sans reconnaissance à se former. C’est un grand pas en avant, selon Jennifer Rouyère : « Par la qualification des personnes, le secteur reconnaît qu’elles exercent un vrai métier et leur permet de se professionnaliser, notamment sur l’accompagnement des usagers. À ce moment-là, on parle d’emploi émergent. »

La certification de maître de maison en secteur social et médico-social

Il faudra attendre treize ans avant que les choses n’évoluent à nouveau. Si des travaux pour la création du certificat de qualification professionnelle (CQP) de surveillant de nuit sont lancés en 2018, il faut encore patienter pour l’enregistrement au RNCP d’une qualification de maître et maîtresse de maison. « Les contours du poste étaient différents selon les établissements. Difficile de qualifier un public si les modalités de l’emploi ne sont pas définies », souligne la responsable des certifications.

C’est ainsi qu’une première étude est lancée. Objectif : définir le périmètre du métier, en vérifiant les missions de ces professionnels dans chaque établissement, l’adéquation avec les besoins des structures, les qualifications des employés, les offres d’emploi publiées…

Puis en 2019 est lancée l’étude d’opportunité, et avec elle les travaux pour la création de la certification. Une étape incontournable, puisque « dans le cadre de la création ou le renouvellement d’une certification, l’étude d’opportunité est obligatoire ». Conçue « en entonnoir », elle s’intéresse aux professionnels concernés. Ils sont consultés sur leurs besoins spécifiques, leur nombre, leurs profils. Elle révèle un emploi aux effectifs stables, avec « des effectifs constants d’une année sur l’autre ».

Les contours de la certification se dessinent. Trois typologies de ce métier ressortent, ouvrant le débat sur celle qu’il faut privilégier. Finalement, c’est la figure d’emploi la plus représentée dans le secteur qui a décidé du format de la formation, et les travaux d’ingénierie sont lancés en 2021.

De par leurs liens étroits, les formations de maître de maison et surveillant de nuit étaient historiquement très proches. Avec la création de ces certifications, la branche décide de les séparer, même si deux blocs de compétences² restent communs. « Cela permet de créer des passerelles entre ces deux métiers, établir une mixité jour/nuit, et favoriser le nombre de sessions ouvertes dans les organismes de formation, puisque cela implique plus d’apprenants. »

4 constats ayant guidé les travaux

1

Une pyramide des âges vieillissante

2

Un nombre de créations de postes marqué dans l’ouest du territoire

3

Une dynamique d’emploi positive dans le secteur du handicap et des personnes âgées

4

Un métier en très grande majorité féminin

Comprendre les enjeux

L’étude d’opportunité a mis en lumière deux enjeux majeurs, auxquels doit répondre la certification Maître et maîtresse de maison. D’une part, la sécurisation des parcours en créant, pour la première fois pour ce métier, une certification reconnue de niveau 3. D’autre part, rendre le métier plus attractif, afin de pallier les problématiques démographiques (moyenne d’âge de 55 ans, métiers de seconde partie de carrière…).

État des lieux : le bilan aujourd’hui

En mars dernier, la certification Maître et maîtresse de maison a été inscrite au RNCP pour cinq ans. Comme toutes les certifications, la formation peut être suivie en alternance avec un contrat de professionnalisation et/ou d’apprentissage, ou grâce au dispositif de la validation des acquis de l’expérience (VAE), conçu pour les reconversions professionnelles. Ici, la VAE pourrait être un levier de formation, puisque la majorité des apprenants sont en seconde partie de carrière.

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Notes :

¹ Chiffres tirés du Baromètre emploi-formation de 2022 réalisé par l’Observatoire de l’OPCO Santé (résultats disponibles en suivant ce lien).

² Les blocs de compétences 2 et 3 des formations de surveillant de nuit et maître et maîtresse de maison sont communs. Ils abordent l’accompagnement des personnes et la participation au travail de l’équipe pluridisciplinaire.